TOUR des PORTS de la MANCHE

Avec un départ pour la première fois de Jersey le 7 juillet le Tour des Ports de la Manche s’est terminé le vendredi 12 juillet à Saint Vaast la Houge

Article mis en ligne le 1er août 2024

par Fabrice Arnaud

L’équipage : Pierre à l’avant, Xavier au pied de mât, Harmony au piano, Baba et Nicolas à l’embraque, Philippe à la GV, Fabrice à la nav et tactique et John à la barre.
Il y a 85 bateaux inscrits, mais le coup de vent du samedi 6 a empêché certains de rejoindre le départ et nous ne sommes plus que 81 répartis en 4 groupes. Le nôtre, groupe 3, flamme bleue comporte 18 bateaux, et prend ses départs avec les 14 bateaux réputés plus rapides du groupe 4, flamme rose. Les 22 jaunes et les 27 blancs partent ensemble, le plus souvent au 1er départ.

Dimanche 7 juillet, 1ère étape : Jersey-Granville.

12 h 05, temps très nuageux, vent d’ouest 20 à 25 nœuds, mer très agitée (vent fort la nuit précédente).

Parcours : Départ en baie de st Aubin, entre le bateau Comité et la vedette bout de ligne, bouée Hinguette à tribord (1,6 mille au reaching ouvert tribord amures), bouée nord Minquiers à bâbord (8,9 milles quasiment au même cap), bouée Basse le Marié à tribord (7,9 milles de spi sur la panne tribord amures), bouée NE Chausey à tribord (6,7 milles de reaching à 70° du vent apparent tribord amures), Chausey à bâbord (5,6 milles de louvoyage, le seul ou presque vrai louvoyage de la semaine), perche la Cancalaise à tribord (2,6 milles de reaching puis spi serré tribord amures), arrivée à la bouée Videcoq (parcours raccourci, 6,3 milles de spi à 150° du vent apparent, planant par moments).

Parcours & trace Jersey-Granville

Très bon départ bout de ligne, près de la vedette (180 m de moins à faire), mais sous le vent et, avant la Hinguette, plusieurs gros bateaux utilisant leur flottaison grâce au vent fort, nous passent en nous déventant. Callisto, bien parti également mais un peu au dessus derrière en pâtit moins et revient à notre niveau, passe la Hinguette un peu devant et finit par nous larguer régulièrement grâce aux petits coups de planing que permettent certaines vagues. Nous tentons un coup d’asymétrique, mais la mer chaotique nous force à descendre exagérément. Le spi ne nous laisse pas le temps de nous poser des questions car dans un dévent et reprise, il explose. Affalage des restes, déroulage du génois, Callisto est loin et Cavok est revenu assez proche.

Nous virons la Nord Minquiers 2ème de notre classe derrière Callisto et devant Cavok. Spi proche du vent arrière tribord amures. La mer est truffée d’algues ce qui complique beaucoup la barre, et malgré tous nos efforts, je sens à mi bord que j’ai de l’algue dans le safran.
Pierre s’y colle, tête dans l’eau, il y en a 2 dans le safran et une dans la chaise d’hélice. Il réussit à en virer une avec une latte mais l’autre, trop basse s’obstine. Tant pis, la bouée approche….

Nous affalons juste à la bouée et quand le spi est à bord, on loffe bout au vent avec tout le monde qui pousse la bôme pour nous faire reculer, ce qui se fait vite. Au top tout le monde lâche et on repart au reaching en déroulant le génois. Cavok est en passe de nous déventer mais nous redémarrons très vite et le déposons avec facilité (ses appendices doivent être garnis). Nous revenons un peu sur Callisto, mais il vire la NE Chausey avec 1 mille d’avance sur nous.

Il loffe vers Chausey et nous choisissons l’autre côté. Ce louvoyage nous est bénéfique car nous revenons à moins d’un demi mille à la pointe de la Déchirée. Malheureusement, le vent mollit beaucoup et nous souffrons dans le dernier mille de près avec la mer résiduelle, ce qui lui permet de repartir…..C’est cuit pour le revoir, il n’y a plus que du spi avec de la mer qui pousse et nous terminons au Videcoq en 6 h 05’44’’, 6’ 45’’ derrière Callisto qui nous bat en compensé de 3’37’’.
Le X332 Eskil qui nous a beaucoup ennuyés l’année dernière est 3ème, à 12’21’’ en réel et 5’7’’en compensé. Cavok est 4ème et le Dufour 34 Leroy Merlin est 5ème.

Lundi 8 juillet, 2ème étape : Granville-Carteret.

11 h 25.temps nuageux avec éclaircies, vent S-SE 8 nœuds, mer plate.

Parcours : Départ au SO du Loup, entre le bateau Comité et la vedette bout de ligne, bouée de dégagement à tribord (0,5 mille de louvoyage), bouée NE Chausey à tribord (8,8 milles de spi vent arrière), bouée Basse Jourdan à bâbord (11,5 milles de spi tribord amures), bouée Ecrevière à tribord (10 milles de spi vent arrière), arrivée entre la bouée Basse de Portbail et le bareau Comité (5,8 milles de spi à 90° du vent apparent tribord amures).

Granville-Carteret

Départ correct vers le bout de ligne, côté favorable et nous restons tribord alors que les autres virent vite, le vent refuse et fraîchit, nous virons et faisons la bouée à la bordée devant toute la flotte bleue et la plupart des roses.

Envoi du spi bâbord amures. Nous décidons d’empanner pour suivre un joli nuage porteur de vent et prendre la chasse d’eau du Roc. Ca marche très bien pour nous et nous dépassons le Roc ainsi. Quand le vent mollit, nous empannons pour marquer notre avantage, mais peu de temps après, le vent se met à adonner et nous croisons derrière plusieurs flammes bleues, et loin derrière Eskil, Callisto et Cavok, dure est la déconvenue.

A la bouée NE Chausey, en plus de ces trois là, nous sommes derrière le Bavaria 35 Morina 4, l’Elan33 First Light, le Sun Fast 3200 Aldebaran, l’Elan 40 White Rose, le Jod 35 Initiale et le Grand Surprise St Valéry en Caux, aïe aïe aïe, ça va très mal, et nous ne réussissons pas à redémarrer malgré un coup de corde à nœuds et le vent qui a fraîchi à 12 nœuds.

A la Basse Jourdan, nous avons repassé 3 bateaux de très peu et nous abattons sur la panne. Commence alors une série d’empannages pour suivre les sautes de vent qui nous emmènent à gauche de la flotte où le vent semble plus favorable sous les nuages gris.

A l’Ecrevière, que nous virons loin derrière Eskil et Callisto, mais très proches de Cavok et avec White Rose, les autres ayant beaucoup reculé, tout le monde affale le spi et empanne. Le temps s’est assombri, le vent a fraîchi 16 nœuds et comme nous sommes à 90° du vent, nous renvoyons le spi très vite (imités assez vite, mais pas par tous).

Nous terminons 3ème en réel de notre classe en 5 h 48’01’’, 7’36’’ derrière Callisto et seulement 14’’ derrière Eskil, 37’’ devant Cavok et 2’17’’ devant White Rose qui n’a pas respié.

En compensé, Eskil l’emporte devant Callisto (1’37’’), nous, First Light et Cavok.
Au général, Callisto est en tête avec 3 pts, devant Eskil, 4 pts, nous, 5 pts, Cavok, 9 pts et Leroy Merlin 11 pts.

Mardi 9 juillet, 3ème étape : Carteret-Guernesey.

11 h 03, temps couvert, vent de sud 20 à 25 nœuds, mer agitée.

Parcours : Ligne de départ habituelle, mouillée 2,5 milles au nord de la pointe de Carteret, ce qui nous fait beaucoup attendre, mais nous laisse tout loisir d’observer…. Bouée de dégagement à bâbord (0,4 mille de louvoyage contre 2,5 nœuds de courant), l’Etac de Sercq à tribord (20 milles de reaching) bouée Lower’s Heads à tribord (mais elle est à droite de la route, arrivée sous le Château Cornet (6,5 milles de spi bâbord amures à 100° du vent, un peu limite).

Le navigateur un peu distrait n’a mis la trace ( rouge) qu’un certain temps après le départ

Excellent départ encore en bout de ligne et nous poursuivons tribord en décadrant largement à cause du courant avant d’envoyer. C’était le coup gagnant car nous virons la bouée en tête des 2 flottes bleue et rose et en passant assez au vent pour dissuader les bateaux plus rapides de venir nous passer au vent. Seul Puma le fera et nous resterons 5’ sur sa vague.

Callisto, assez loin derrière sous le vent reviendra doucement au fil des milles, notre bateau étant très dur à barrer dans la mer de travers, mais heureusement avec le vent dans le sens du courant.
A l’Etac de Sercq, nous attendons d’avoir paré tous les cailloux pour envoyer le spi, en même temps que Callisto qui fait un coquetier. Lorsqu’il s’en débarrasse, il accélère franchement, et nous dépasse peu avant la bouée Lower’s Heads. Le vent mollit légèrement et la mer s’aplatit un peu, ce qui calme sa vitesse.

Nous terminons en 3 h 39’, 1’13’’ derrière Callisto, 1’17’’ devant Cavok, 3’42’’ devant Initiale, mais 13’08’’ devant Eskil et 14’28’’ devant Leroy Merlin.
En compensé, nous battons Callisto de 24’’, Cavok de 3’21’’, Eskil de 8’05’’ et Leroy Merlin de 8’ 57’’. Au général, Callisto est 1er avec 5 pts devant nous avec 6 pts, Eskil avec 8 pts, Cavok avec 12 pts et Leroy Merlin avec 16 pts.

Mercredi 10 juillet, 4ème étape : Guernesey-Diélette.

9 h 35. Temps nuageux avec éclaircies, vent O-SO 15 à 17 nœuds, mer un peu agitée.

Parcours : Ligne de départ habituelle, un peu à l’est de la sortie du port, bouée Desormes à bâbord, (11,6 milles de reaching tribord amures), bouée Flamanville (Les Dious), à bâbord (20,8 milles de spi ltribord bord amures), arrivée entre la vedette Comité et une bouée, (1,5 mille tout droit).

Le départ est encore plus au bout de ligne que d’habitude, distance à Desormes plus courte de presque 0,2 mille. Excellent départ à 65° du vent apparent derrière le Pogo 10,50. La flotte, au vent est très décalée derrière.
Les 2 petits groupes sont partis devant et doivent laisser les Lower’s Heads à bâbord avant de faire route directe vers la bouée Flamanville. Sur la ligne, le courant est NO 1,5 n, mais en se rapprochant de la bouée qui n’est pas marque de parcours pour nous, le courant se renforce jusqu’à 4 n et les petits se retrouvent au louvoyage pour la faire. Le Pogo qui a mal lu les IC vire pour aller la virer et nous passons pleine balle en dessous en évitant les petits dont certains sont en vrac.

Nous faisons de la vitesse car nous savons que le courant va mollir avant Desormes que nous virons 6ème derrière 5 roses et assez loin devant les bleus. Envoi de spi tribord amures car le courant chasse toujours à gauche et nous ne sommes pas loin de la panne, mais ça ne plane guère heureusement pour nous. Callisto, à distance (0,7 mille), loffe plus que nous et empanne à 5 milles des Dious. Nous empannons également à 4 milles de la bouée et le vent monte brutalement jusqu’à 25 nœuds, voire presque 30 dans les claques et notre mâchoire de tangon s’ouvre à plusieurs reprises, laissant échapper le bras. Nous réussissons à calmer le jeu en portant la pointe du tangon trop haut, mais Callisto est revenu comme une balle et nous double avant les Dious.

La mer s’aplatit un peu après la bouée et nous réussissons comme la veille à limiter l’écart, assez pour gagner en compensé. Nous finissons en 4 h 05’34’’, 38’’ derrière Callisto et derrière 6 flammes roses (que nous battons toutes en compensé comme la veille).
En compensé, nous gagnons avec 1’05’’ d’avance sur Callisto, Eskil est 3ème à 6’, le Grand Surprise St Valéry en Caux est 4ème à 8’32’’ et Cavok est 5ème à 10’17’’.
Au général, nous prenons la tête avec 7 pts devant Callisto, 7 pts aussi mais nous avons 2 victoires et lui une seule, Eskil est 3ème avec 11 pts, Cavok 4ème avec 17 pts et Leroy Merlin 5ème avec 24 pts.

Jeudi 11 juillet, 5ème étape : Diélette-Cherbourg.

A la sortie du port, la faiblesse du vent provoque l’envoi du pavillon de retard, puis l’envoi du pavillon L : suivez-moi et la flotte part au moteur derrière le bateau Comité.
Cela ne m’arrange pas du tout car nous avons un problème de moteur (fuite de liquide de refroidissement) qui nous empêche de dépasser 4 nœuds et nous fermons la marche, ce dont j’ai horreur car j’aime être sur place quand le parcours se prépare.
Lorsque, après avoir franchi le raz Blanchard, le Comité annonce un parcours partant de la baie d’Omonville, nous sommes à 1,5 mille de lui et nous arrivons sur lui 1 mn avant qu’il lance la procédure de départ des petits. Un rappel général nous permet de filer au bout de ligne pour faire nos relevés habituels et c’est comme d’habitude là que semble être le bon départ. Nous nous écartons très vite pour ne pas gêner le départ des petits.
Il y a 8 nœuds de vent de SO et la mer est plate.

Parcours : Ligne de départ habituelle, bouée de dégagement à tribord (0,4 mille de louvoyage), bouée rouge du Fort de l’ouest à bâbord (7,4 milles de spi vent arrière), arrivée entre le bateau Comité et une bouée près du coffre du centre.

12 h 43. Très bon départ bout de ligne, mais je vois immédiatement que le vent a pris beaucoup de droite depuis notre relevé, rendant gagnant le départ au Comité, aïe, et en plus, la côte est proche et va nous forcer à virer bâbord amures et à passer derrière les tribordais.
C’est ce qui se passe, mais le courant est portant (contre courant déjà établi dans la baie) et malgré les abattées derrière les tribordais et les dévents des tribordais en approche de bouée, nous réussissons à la faire de justesse mais en mauvaise position.

Photo Laurent Travers

Spi bâbord amures et nous loffons pour nous écarter de la côte et retrouver le courant Est, mais sans doute trop longtemps car le vent, au lieu d’adonner pour rendre un empannage productif, refuse continûment et nous fait passer après l’empannage, derrière beaucoup trop de flammes bleues. Nous empannons encore 2 fois dans des sautes de vent qui ne tiennent pas, avant de passer la bouée rouge du Fort de l’Ouest et de terminer 9ème des flammes bleues en réel après 1 h 26’18’’ de course et 8ème en compensé derrière Callisto, Eskil, Altaïr (First 36.7), First Light, Cavok, et JGO (J99).
Adieu à tout espoir de victoire finale et même peut-être à la 2ème place car au général, Callisto est en tête avec 8 pts, devant Eskil qui en a 13, nous avec 15 pts, Cavok qui en a 22 et Leroy Merlin avec 30 pts.

Vendredi 12 juillet 6ème étape : Cherbourg-Saint Vaast.

Comme la veille, on se lève tôt et on poireaute longtemps dans l’anse du Becquet en attendant un vent qui ne vient pas, jusqu’au signal « Suivez-moi » qui va nous emmener dans le raz de Barfleur où le vent finit par rentrer, mais il y a trop de courant pour donner un départ et le comité nous emmène devant l’entrée du chenal de Barfleur où le courant est faible.

Parcours : Ligne de départ habituelle, bouée de dégagement à 1,65 mille dans le NO, bouée le Gavendest à tribord (7,7 milles de spi bâbord amures à 120° puis 150° du vent apparent), arrivée entre la bouée Bout du Roc et la vedette Comité (1 mille de spi tribord amures à 90° du vent apparent).

14 h 08. Beau temps, mer belle, vent de NO 15 nœuds. La ligne est neutre mais le départ le meilleur est sans doute au bout de ligne à cause du courant. Nous décidons toutefois de partir au bateau pour être dégagés et au vent.

Je place mal le bateau dans la dernière minute et nous partons dans la fumée d’Eskil et de Cléobulle, le Pogo 12,50 flamme rose. Dès que nous parons le bateau Comité, nous virons pour nous dégager et revirons tribord assez vite.
Moins de 2 mn plus tard, revoilà Cléobulle qui passe devant et nous vire sur la gueule , j’ai du mal à y croire. Je surloffe pendant 2 minutes et réussis à retrouver du vent clair, mais c’est fichu ! Callisto vire la bouée en tête 100m devant nous. Personne ne spie immédiatement car le vent s’est renforcé mais nous finissons par l’envoyer, imités par le reste de la flotte.

Commence alors un bord pénible où le problème est d’éviter les dévents des grands qui nous passent et des petits que nous passons, et à ce jeu, Callisto nous lâche doucement.

A Gavendest, nous sommes toujours 2ème des flammes bleues et après l’empannage, nous sommes à la lutte avec Cavok qui finit 11’’ derrière nous, après 1 h 38’11’’ de course pour nous.
Callisto nous précède de 2’50’’ et gagne en compensé devant nous, Eskil et Cavok lequel est battu par Eskil de 15’’, ce qui nous coûte la 2ème place au général. White Rose est 5ème.

Classement Général ;

1er Callisto Sun Fast 3200 Antoine Guérin 9 points (1,2,2,2,1,1)
2ème Eskil X332 Juliette Toutain 16 points (3,1,4,3,2,3)
3ème Karibario-Künkel Palettes Sun Odyssey 40 GTE Jan Legallet 17 points (2,3,1,1,8,2)
4ème Cavok 4 JPK 9,60 Olivier Bahon 26 points (4,5,3,5,5,4)
5ème Leroy Merlin Dufour 34 2003 Jean Luc Perrée 36 points (5,6,5,8,6,6)

Pas mal d’amertume à l’arrivée avec cette 2ème place échappée à cause de la fichue 5ème étape où rien n’a voulu tourner en notre faveur, mais relativisons car en 6 jours, nous avons eu 8 milles de louvoyage en tout et pour tout, ce qui nous laissait peu d’illusions sur nos chances de victoire….

Jan Legallet.


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